
Sassou a instauré les péages sur les routes nationales. Objectif : entretien du réseau routier. Faux, archifaux ! Depuis leur mise en service, les routes ne cessent de se dégrader. Où va alors l'argent extorqué aux péages ?
Une vidéo devenue virale circule sur les réseaux sociaux. Elle montre un cercueil, sans catafalque, trainant sur la chaussée pendant que les parents du défunt, désargentés, négocient le passage du péage face à des hommes en arme, intraitables.
Car au Congo de Sassou, les Congolais, morts ou vifs, doivent s'acquitter d'un impôt avant d'emprunter une route nationale. Racket est le terme exact.
Péage de Mengo
«Vous sortez de Pointe-Noire, vous casquez, vous rentrez à Pointe-Noire vous claquez» s'indigne un membre du cortège funéraire qui, comme nombre d'usagers de la route, estime que les péages sont une occasion en or de la famille régnante du Congo de se remplir les poches. «On a perdu un oncle à Pointe-Noire, nous partons l'enterrer au village» explique le neveu franchement en colère. Sauf que, au regard du Papa d'Edith Bongo le mot du poète est pris à la lettre : «vivants sont les morts». Alors comme les vivants, les morts doivent morfler. C'est ce qui s'est passéà la gare de péage de Mengo dans le Kouilou. Ô si les morts pouvaient se venger ! Mais, c'est connu, les vivants sont plus cruels que les macchabées.
Respect aux morts
Etant donné l'anthropologie du sacrée dans nos sociétés bantoues, les parents endeuillés comptaient sans doute sur les sentiments humains des policiers pour ne pas s'acquitter du péage. «Du fait du respect dû aux morts, les cortèges mortuaires font exception aux règles imposées aux vivants» plaide un membre de la famille.
Peine perdue. «Ou vous payez ou vous n'irez nulle part » ont menacé les mafieux postés au barrage routier.
«Pourquoi doit-on payer pour circuler sur le territoire de la République ?» s'indignent les parents hagards à la gare de péage. C'est la même politique que celle des seigneurs féodaux qui pratiquaient l'impôt à chaque pont.
«On est tous des Congolais !» rappelle un neveu qui se doute que les parents de Sassou qui vont chaque week-end en villégiature à l'Alima Palace ( Oyo), Mombo Beach (Owando) passent le péage sans le payer. Deux poids deux mesures.
Laissez les morts enterrer les morts. Autrement dit, qu'on leur fiche la paix (enseigna Jésus Ressuscité). Mais Jean-Jacques Bouya ne l'entend pas de cette oreille. Mort ou vif le Congolais n'échappera pas à la Nouvelle Espérance programmée par Sassou.
Chemins d'avenir, chemin de croix
Depuis que le bâtisseur infatigable a décrété son projet de société dit «chemin d'avenir», le réseau routier compte à peine six routes nationales (agressées par des érosions), aucune ligne de chemin de fer, aucune compagnie aérienne ( Ecair s'est envolé vers la banqueroute), zéro autoroute. 3.000 kms de routes bitumées, toutes soumises à des péages bien que n'en valant ni le coup ni le coût. Sur ces autoroutes made in Bouya, aucune aire de repos, aune station d'essence. Pas de quoi pavaner. Autant emprunter le chemin de croix puisque ces routes sont des «tombeaux ouverts» des Via Dolores, théâtres de nombreux accidents de circulation dus à la mauvaise qualité des voies. Des dangers mortels, mais des poules aux œufs d'or pour des voyous comme Bouya des Grands Travaux qui, bien entendu, ne paient pas, eux, les péages.
Où va le pognon récolté aux nombreux péages dont les nationales 1 et 2 sont truffées ?
Alors, où va l'argent volé aux vivants et aux morts, alors que les routes sont de piètre qualité, notamment dans la zone de Gamboma, peu avant Oyo ?
A quoi sert le fric ? Sûrement pas à l'entretien du réseau. Les sections aux alentours de Gamboma ressemblent à du gruyère en raison des nombreux nids de poule.
De leur propre aveu :
«Le Fonds routier disposait de beaucoup de ressources prévues dans les textes… cependant ...cet argent n'arrive pas au fonds pour pouvoir financer l'entretien des routes» soupire Elenga Bat-Nzenguet, patron de la perception du fric récolté aux péages.
Mieux. Ces lieux d'extorsion de sous de pauvres usagers ont une double fonction : enrichir Mpila et contribuer à terroriser les populations comme en témoignent les escadrons postés à chaque point de passage. Ces barrages routiers, bien sûr, tiennent également lieu de succursales des Renseignements Généraux. Lieu de vol et agence de traque des opposants. Les péages font d'une pierre, deux coups. Notamment la barrière payante de Ngangalingolo, zone où la hantise des Ninjas bat son plein et où Dominique Okemba espère mettre la main sur les ennemis du régime en fuite.
Privatisation
Pour réussir leur coup, ces sinistres checkpoint ont été confiés à une société privée chinoise.
«Adjudicataire du marché au terme d'un appel d'offre international ; les société China State Construction Overseas Congo et Egis Road Opération Congo vont assurer respectivement d'entretien et d'exploitation des tronçons concédés durant une période de trente ans, à travers l'entreprise La Congolaise des routes tous les barrages payants du Congo» lit-on dans un papier progouvernemental.
Les Chinois, comme chacun sait, sont des enfants de chœur.
Coût du racket
A combien s'élève l'arnaque sur chaque automobile ? Les tarifs vont de 1500 à 40.000 FCFA selon le gabarit du véhicule. L'avenir des Mbochi nous coûtera sincèrement cher. Magnanimes, les autorités ont concédé un tarif d'abonnement aux riverains. Ce système qui entend soulager les villageois est encore à l'étude.
Comme en Europe
Ceux qui oseraient nous avancer l'argument que «même en France, les péages existent», à ceux-là on rétorquerait qu'en Allemagne ce vol qualifié n'existe pas et qu'en France il se commet exclusivement sur les autoroutes. Mieux : l'argent des péages sert réellement à l'entretien et à la construction de nouvelles voies.
En France, les routes nationales, les départementales, les cantonales, les municipales sont gratuites. A quelques exceptions près, toutes les autoroutes en Île de France ne sont pas payantes. Quand elles sont payantes, les autoroutes qui couvrent le territoire français disposent de voies chaque fois entretenues, d'aires de repos et de détente, de stations services, une signalisation impeccable, des remorqueurs en cas de panne d'automobile ; autant d'infrastructures dont les routes de Jean-Jacques Bouya sont à des années-lumière de se doter. Il n'y a pas photo entre les pistes que vante le chemin d'avenir et le très dense réseau routier hexagonal qui a failli couter la peau à Macron.
En effet, si dense soit-il, le tissu routier français ne satisfait pas les Français. Et ils n'ont pas tort d'être sévèrement critiques. Emmanuel Macron est en train de se faire écraser politiquement pour avoir voulu passer la vitesse supérieure fiscale. Pensez que les contribuables n'ont pas apprécier d'être traités comme des vaches à lait.
Gilets jaunes
Excédés précisément par les péages, les Gilets jaunes sont en train de polluer la vie du locataire de l'Elysée, chaque samedi. Au mois de novembre dernier les péages ont été prix d'assaut par les hommes en jaune parce que les Français ont compris que taxes sur le carburants et limitation de vitesse sur les routes nationales étaient une technique imaginée par l'administration Macron pour traire davantage la France d'en bas.
Copier-coller
Les sassouites aiment copier ce qui ne marche pas en Occident alors qu'ils évitent soigneusement de reproduire dans leur pays ce qui y marche ! Si Jean-Jacques Bouya disposait de cette technologie, gageons qu'il aurait semé de radars ses routes-bidon pour mieux ensevelir ses compatriotes sous des impôts d'un autre âge.
A quand les gilets jaunes congolais ? Au train où vont les tracasseries sous le règne de Sassou, le syndrome des étudiants congolais de Cuba et le celui anti-macroniste des hommes en débardeurs amariles ne tarderont pas de voir le jour en Sassouland. un de ces pays de merde dont parle Donald Trump. Les étudiants de l'Université Marien Ngouabi ont d'ailleurs immédiatement emboité le pas de leurs homologues « cubains. » Inguéta !
Il faut être zombi comme Sassou (un zombi est un mort qui ne sait pas qu'il est mort) pour imposer des péages sur des routes nationales alors qu'un pays où les voies de communication sont soumises à des lois sauvages n'aura aucune chance d'émerger.
Première mesure à la chute de Sassou : démolition de tous les péages !
Thierry Oko